En moyenne, l’être humain possède 1 à 2 kg de bactéries, réparties dans différents endroits du corps. Rassemblées sous le nom de flore ou de microbiote, celles-ci font partie de notre équilibre et peuvent entraîner des irritations lorsqu’on les malmène.
À la suite de recherches scientifiques de taille, les chercheurs belges ont décortiqué un lien statistique entre la présence de certaines bactéries intestinales et la dépression. Souvent considéré comme notre « deuxième cerveau », notre intestin pourrait-il alors jouer un rôle dans le développement de certaines pathologies mentales ? Ne manquez pas de lire la suite de cet article pour obtenir plus de précisions.
Qu’est-ce que le microbiote intestinal ?
Sommaire
Le microbiote est l’ensemble des micro-organismes qui vivent dans un environnement spécifique. Il regroupe les bactéries, les virus, les parasites et les champignons non pathogènes dits commensaux. Un tiers des microbiotes serait commun à tous les êtres humains, les deux tiers restant spécifiques à chacun d’entre nous. Il existe différents microbiotes, notamment au niveau de la peau, de la bouche, du vagin, de l’intestin… Pourtant, ce dernier est le plus important d’entre eux. On sait désormais qu’il joue un rôle dans les fonctions digestive, métabolique, immunitaire et neurologique. Le microbiote intestinal est principalement localisé dans l’intestin grêle et le côlon – l’acidité gastrique rendant la paroi de l’estomac quasi stérile. Il est réparti entre la lumière du tube digestif et le biofilm protecteur que forme le mucus intestinal sur sa paroi intérieure (l’épithélium intestinal).
Pour assurer son propre métabolisme, le microbiote intestinal puise dans nos aliments, particulièrement les fibres alimentaires. Voici quelques-uns de ses rôles :
- Fermentation des substrats et des résidus alimentaires non digestibles ;
- Assimilation des nutriments ;
- Hydrolyse de l’amidon, de la cellulose, des polysaccharides… ;
- Participation à la synthèse de certaines vitamines (vitamine K, B12, B8) ;
- Régulation de plusieurs voies métaboliques : absorption des acides gras, du calcium, du magnésium…
- Renforcement du système immunitaire ;
- Protection contre les maladies digestives (diarrhée, syndrome de l’intestin irritable) et les maladies métaboliques (diabète, obésité)…
En plus de toutes ces actions, le microbiote intestinal aurait aussi une influence sur notre santé mentale. Mais, quelle est l’influence de cet ensemble de micro-organismes sur la dépression ? C’est ce que nous allons voir dans la suite de cet article.
Lien étroit entre le microbiote intestinal et la dépression
Il peut arriver que vous soyez fatigué, angoissé, voire à la limite de la dépression. Et malgré des traitements intensifs et les comprimés, vous êtes toujours aussi las et la source de votre fatigue reste inconnue. Ne vous inquiétez pas, nous avons peut-être la réponse ! Microbiote intestinal, cerveau et dépression, quelque chose nous dit que tout serait lié.
Le cerveau transmet des informations à l’intestin par le biais d’un réseau de nerfs très dense. L’intestin répond à son tour en envoyant des hormones fournissant des indications au système nerveux. Le microbiote intestinal constitue alors un troisième acteur jouant un rôle fondamental dans ce dialogue.
De nombreuses études supposent que les bactéries situées à l’intérieur de l’intestin communiquent activement avec le cerveau et pourraient jouer un rôle dans l’apparition de maladies psychiatriques telles que la dépression, l’Alzheimer, etc.
Absence de certaines bactéries en cas de dépression chez l’humain
Les chercheurs ont comparé le microbiote de sujets atteints de dépression à celui de personnes non dépressives. À l’issu des observations, ils ont pu constater que deux types de bactéries, Coprococcus et Dialister, étaient absents chez les patients déprimés. La dépression pourrait probablement être la cause ou la conséquence de cette déficience bactérienne. Par ailleurs, ils ont vérifié que l’absence de ces bactéries n’est pas due à l’utilisation d’antidépresseurs.
Jusqu’ici, rien n’est sûr, car l’étude belge ne prouve pas totalement que les microbes intestinaux affectent la santé mentale. Les chercheurs ont juste mis en évidence une association probable et il est possible aussi que ce soit la dépression elle-même qui provoque une modification du profil des bactéries contenues dans la flore intestinale.
D’autres expériences génétiques ont été réalisées, mettant en avant la communication du microbe intestinal avec le système nerveux par la sécrétion des neurotransmetteurs (molécule de communication entre les neurones). Si un déséquilibre dans la composition des bactéries intestinales participe à la survenue et à l’installation durable d’une dépression, alors les chercheurs espèrent pouvoir mettre en place des traitements probiotiques, complémentaires à une thérapie principale. Cela va venir rééquilibrer les populations de bactéries intestinales.
D’autres tests chez les souris
Aussi inattendu que cela puisse être, les petites bactéries qui ne sont même pas visibles à l’œil nu jouent un rôle capital dans nos humeurs. Et ces bactéries vivent dans nos intestins. D’ailleurs, les bactéries qui joueraient un rôle dans la dépression sont appelées des psychobactéries.
Notez que l’intestin est composé de 40 milliards de bactéries de plus de 100 espèces différentes. Depuis 15 ans, des études expérimentales montrent l’impact des bactéries sur la dépression et l’anxiété. En 2004, une équipe japonaise montre que des souris dépourvues de bactérie sont plus stressées que des souris porteuses de bactéries. Par la suite, des travaux ont montré que certaines bactéries intestinales modifient l’expression de gènes liés à la croissance des neurones.
De même, des chercheurs montreront que les souris axéniques présentent un défaut de mémorisation et de comportement social. Et tout ceci est stoppé dès lors qu’on injecte un microbiote chez ces souris axéniques. Les chercheurs ont procédé à une transplantation fécale du microbiote d’une souris non anxieuse dans une souris axénique. Il en résulte une baisse d’anxiété et une augmentation de la mémorisation.
Quelques conseils pour un traitement efficace
Les micro-organismes qui vivent dans les intestins seraient différents chez les personnes souffrant de dépression. Un régime alimentaire visant à rétablir l’équilibre de ces taux aiderait peut-être à retrouver le bien-être mental. En effet, notre alimentation est un des facteurs clés qui influencent la composition du microbiote intestinal. Les chercheurs ont pu ainsi montrer que l’adoption du régime méditerranéen (alimentation riche en fruits et légumes, poisson et céréales) était associée à une diminution de 33 % d’un risque de dépression. Il faudra éviter un régime alimentaire riche en acide gras saturé.
Enfin, la dépression peut également venir d’autres choses, tout n’est pas la faute du microbiote intestinal. Si vous souffrez de dépression, ces deux articles pourront également vous être utiles :
- Cet article traitant du Trouble Affectif Saisonnier.
- Et celui-ci parlant du cerveau embrouillé.
Si vous avez des questions, n’hésitez pas à laisser un commentaire, nous nous ferons une joie de pouvoir vous apporter plus de précision, que ce soit sur le microbiote, que sur d’autres sujets liés à la dépression ou la santé en général.